"Animaux Totem"
Certaines participantes aux ateliers ont adhéré à la proposition de la photographe Flore-Aël Surun qui s’inspire d’une pratique chamanique, celle de l’animal totem.
Dans un premier temps, Flore Aël Surun a dirigé une séance d’hypnose au cours de laquelle chacune des participantes a rencontré son animal totem et en a assimilé les qualités et l’énergie. Puis, après avoir recherché et choisi une photo de cet animal, une séance d’autoportrait a été organisée avec pour contrainte de se photographier de telle manière à pouvoir fondre sa propre image dans celle de l’animal.
Enfin, il a été procédé à un travail de photo montage qui fond humain et animal dans un corps unique.
“Rencontres”
Rencontres est un jeu de miroir dont la règle unique pourrait s’énoncer ainsi : « Je te montre comment je te perçois, tu me dis qui tu es… « . Celle qui montre fut en l’occurrence Sarah Moon. Dans un premier temps, celle-ci réalisa le portrait de 8 résidentes de la maison Cœur de Femmes à qui il fut demandé d’intervenir en s’emparant de l’épreuve et la personnalisant de leurs mots et de couleurs. Puis, à cette image où le personnage acquiert le statut de sujet, s’ajoute une photo parfois doublée d’un texte réalisée par chacune des résidantes qui tente de traduire leur état d’âme.
Il y a les scènes de rue prises par Nelly Royer avec en arrière plan la maison Cœur de Femmes ou les pas de Blandine Lesur gagnant sa chambre qui nous révèlent leur sentiment d’enfermement et leur soif de retrouvailles avec la cité.
Il y a l’homme sans tête surpris par Michelle K., émergeant d’une station de métro, qui nous révèle sa crainte de l’homme prédateur et criminel.
Il y a l’escalier nu aux couleurs de l’enfance saisi par Marie-Jeanne Sery qui lui rappelle qu’en l’empruntant l’on est menacé à tout moment d’être précipité au plus bas.
Il y a la passerelle du canal Saint Martin arpentée par la silhouette d’un homme qui pourrait aussi bien être celle d’un fantôme qui évoque le deuil qu’Huguette Jeanmichel ne parvient pas à faire de ce moment de vie solitaire qu’elle a mené aux abords du canal alors qu’elle vivait à la rue.
Il y a le pan de bibliothèque dédoublé agencé par Sakina Sfaoui qui exprime sa hantise d’une enfance démunie et violente et l’impossibilité de trouver refuge dans les livres dont elle fut privée.
Il y a ce coin de chambre de Dominique Burger sur le mur de laquelle on entrevoit dans un clair obscur la mémoire de ses déchirures.
Il y a ce sachet de thé dans lequel se reconnaît Stéphanie Foucher dont le destin dépend des caprices de la main qui le retient mais pour combien de temps d’une noyade annoncée…
“5 femmes”
Depuis plusieurs mois, de nombreuses résidentes de la Maison Coeur de Femmes écrivent leur journal intime au moyen de photos et de textes. Le choix des photos figurant dans leur journal s’effectue en collaboration avec Sarah Moon.
Le projet "5 femmes" est constitué de travaux individuels réalisés par 5 femmes. Les photos de L. Aile qui après avoir fui le domicile conjugal et subi avec
son enfant une tentative d’enlèvement par son mari, témoignent autant de son angoisse de trouver un refuge à l’abri de tout regard que de son émerveillement pour sa fille.
Henriette qui préfère taire les violences dont elle fut la victime, photographie la menace ordinaire qui plane tel un oiseau de proie dans les rues de Paris mais aussi la solitude de femmes en fin de vie qu’elle assiste.
Ouardia qui travaille principalement sur un projet de film où il sera question de répondre aux interrogations de sa fille qui ignore tout de l’origine du mal qui ronge sa mère, a choisi de présenter trois photos désertées par la joie.
Sahondra Raveleorisoa réside dans un centre de stabilisation ou les hommes sont majoritaires. Elle a fait d’eux de nombreux portraits. Elle a également réalisé le premier film des ateliers, “Un nouvel été”, qui sera en projection permanente lors de l’exposition.
Vera vient de rejoindre les ateliers et la maison “Coeur de Femmes” avec dans ses bagages un superbe appareil photo et quelques clichés.
